' Navigatio Brendani abbatis '
Voilà un manuscrit latin datant du haut Moyen-Age, qui a connu un étonnant succès dans toute l' Europe médiévale. Son interprétation a suscité ou réactivé nombre de mythes, et notamment celui d' un fabuleux voyage transatlantique en canot par Brendan et ses moines.
L' étude présentée ici renouvelle la lecture de ce texte en décryptant, derrière des expressions latines mal comprises, les termes gaëliques d' un original irlandais perdu : traduit en latin avant le Xème siècle , il aura largement perdu la force de son message.
Les traductions dans les langues vernaculaires de toute l' Europe ont ensuite entretenu une approche fantastique du récit initial, qui a fini par perdre sa signification originelle.
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Le lecteur trouvera ici une traduction profondément rénovée de la Navigatio Brendani, dans son fonds comme dans sa présentation.
Le texte est divisé en deux parties, en cohérence avec la compréhension du traducteur : la Navigatio est d' abord le récit d' un parcours nautique à travers des escales réelles (et enfin identifiées) ; elle devient ensuite la relation d' escales imaginaires.
Des Annotations développent pour chacun des chapitres l' argumentation du traducteur, qui livre là ses notes de travail et ses sources, parfois quelque doute.
En Préalables, on trouvera les principales clés d' élucidation qui ont permis le dévoilement de ce texte latin, resté trop longtemps obscur et prétexte à tant d' élucubrations médiévales ou contemporaines. Ces Notes seront utilement consultées après ou avant la lecture de la Traduction nouvelle. Elles relèvent de quatre sujets :
la durée du Voyage de Brendan
la fonction initiatique du Guide, le 'procurator' du manuscrit
le rôle d' explicitation des nombreux Psaumes cités dans le texte
Les conclusions de cette re-lecture décevront les amateurs de fantastique et bien des irlandais : non, saint Brendan n'a pas découvert l' Amérique avant Colomb en navigant 7 ans durant dans un coracle en peau de boeuf !
La Navigatio de Brendan n' est pas hauturière mais en vue des côtes : elle est localisée dans un proche archipel relevant du domaine seigneurial de sa famille ; et le texte latin, passé au prisme du lexique gaëlique, fournit clairement des indices pour localiser les escales !
La vérité transmise par la Navigatio rapporte deux évidences simples, peu conformes à l' idée qu' on se fait du christianisme de l'époque du saint abbé, la fin du VIème s.: les ermites irlandais connaissaient des pratiques oniriques venues des temps druidiques ; elles sont fondées sur l' ingestion contrôlée de plantes psychotropes ; - ces substances leur procuraient des visions étranges, en particulier celles du Paradis terrestre;
ils les ont considérées comme des messages de la divinité, du saint-esprit.
On conçoit que le texte originel en gaëlique ait du être fortement émondé et 'romanisé' avant de rejoindre en latin les bibliothèques des abbayes bénédictines du continent !
Le lecteur saura enfin ce que sont les étranges scaltae absorbées par l' abbé et son équipage, qui ont jusqu' ici laissé perplexes tous les traducteurs ! Dans le courant de la mode hiberno-latine, l' auteur du texte a usé de termes abscons ou de néologismes ; ceci faisait partie du jeu : dire sans expliciter, et réserver le savoir à ceux qui maîtrisaient de multiples lexiques.